De concert avec les 3 autres Facultés de sciences appliquées de la Fédération Wallonie-Bruxelles, la Faculté Polytechnique de Mons s’est investie dans une procédure conjointe d’évaluation par l’AEQES (Agence pour l'Évaluation de la Qualité de l'Enseignement Supérieur) et d’accréditation par la CTI (Commission des Titres d’Ingénieur – France). La démarche de préparation de l’accréditation a consisté en une approche participative mettant en regard les attentes et les objectifs des parties prenantes: académiques, étudiants, diplômés, monde industriel, société. La Faculté s’est engagée à concrétiser les décisions prises pendant la phase d’auto-évaluation, décisions qui ont été renforcées par les constats et conclusions des experts. Le 8 octobre 2013, la Commission des Titres d’ingénieur (CTI) française a décidé d’attribuer le label EUR-ACE® (EURopean ACcredited Engineer) à tous les diplômes de Master ingénieur civil de la FPMs. Le label marque ainsi une reconnaissance internationale explicite au regard de standards académiques et professionnels européens. Outre les bénéfices inhérents à la démarche de préparation de l’accréditation, la FPMs se réjouit de ce nouvel atout en termes de possibilités de mobilité internationale accrue des étudiants ingénieurs et d’employabilité des diplômés issus de ses formations.
Une démarche historiquement ancrée
Dès sa fondation en 1837, la Faculté Polytechnique de Mons a entretenu une culture de la qualité inhérente à l’art de l’ingénieur. Au fil des ans, elle développe une dynamique d’amélioration continue, graduelle ou soutenue, de ses formations, et ce dès le début de son histoire.
En 1844 déjà, une enquête officielle fut lancée auprès des Chambres de Commerce et des divers comités industriels du Hainaut. Elle confirma la nécessité de la jeune institution, en préconisant d’en renforcer le niveau des études et d’en élargir le cadre à d’autres domaines. Elle fut rapidement suivie d’effets tant dans les exigences à l’admission que dans le contenu des cours.
Dès 1880, l’accent se déplaça vers la démarche de l’ingénieur. Ce n’était plus tant « l’objet d’étude qui compte dans la formation des ingénieurs que la préoccupation intellectuelle avec laquelle on se penche sur le problème qui se pose à son sujet », afin de rendre chaque étudiant « capable d’assimiler les découvertes de la Science pure pour les adapter économiquement aux besoins de sa génération. » (Yernaux, 1937)
En 1919, l’École des Mines entra dans une nouvelle phase de réforme, pour accentuer davantage le rôle actif de ses étudiants et assurer une meilleure continuité entre l’exposé de la théorie et leur analyse expérimentale. Le rôle du travail expérimental personnel des étudiants fut accru afin de favoriser l’éclosion de leur personnalité de futurs ingénieurs.
De nombreuses autres étapes ont marqué l’évolution continue des formations proposées par la FPMs : passage des études de 2 ans à 5 ans, multiplication des diplômes proposés,… pour toujours mieux répondre aux besoins des entreprises et de la Société. Et la formation des ingénieurs est en constante évolution.
En termes d’outillage interne de la démarche qualité, on relèvera la mise en œuvre d’enquêtes pédagogiques dès le milieu des années 80 : les étudiants sont appelés chaque année à donner leur avis sur les qualités pédagogiques de leurs enseignants. Les résultats sont pris en considération – tout comme les productions scientifiques et les services à la société – lors des procédures de recrutement et promotion.
Le modèle de processus qualité utilisé depuis 1998 se réfère à une conception « fitness for purpose » de la qualité dans l’enseignement supérieur. Il articule trois dispositifs :
- Prises d’information sur les enseignants, les enseignements (cours et programmes), les étudiants, les parcours et le milieu industriel/société. Elles sont réalisées via des enquêtes, des analyses de données (indicateurs sur le profil des entrants, statistiques de réussite, etc.) et des recueils qualitatifs lors de rencontres avec les étudiants mais aussi des représentants de la profession (par exemple lors des jurys de Travaux de fin d’étude, lors des « journées des entreprises », etc.).
- Régulations : les informations quantitatives et qualitatives font l’objet d’analyses présentées dans diverses instances, notamment le Conseil stratégique de la FPMs composé de manière paritaire de représentants de la faculté et de membres issus du monde industriel. Les organes décisionnaires sont ensuite appelés à statuer sur les régulations à opérer au niveau de la faculté ou des programmes (création de cours, modifications des évaluations, etc.).
- Démarche «méta» : Tout comme l’Université de Mons, la faculté a clarifié dans des « Note et plan stratégiques » son « mission statement ». Les documents précisent les axes de développements, les actions à mener et identifient des indicateurs de suivi et réalisation. Université et faculté ont dédicacé des moyens humains au développement de leur culture qualité, que ce soit par le développement en cours d’un système d’information rigoureux ou l’accompagnement des équipes administratives et éducatives dans des évolutions organisationnelles et curriculaires.
Dans la perspective d’une reconnaissance internationale explicite
L’année du 175e anniversaire a marqué une étape nouvelle. Avec les 3 autres Facultés de sciences appliquées de la Fédération Wallonie-Bruxelles, la FPMs s’est engagée dans une procédure conjointe d’évaluation par l’AEQES (Agence pour l'Évaluation de la Qualité de l'Enseignement Supérieur) et d’accréditation par la CTI (Commission des Titres d’Ingénieur – France). Il s’est donc agi à la fois de mettre en évidence les bonnes pratiques, les insuffisances et les problèmes à résoudre et de se confronter à des standards internationaux.
Le résultat le plus attendu de cette étape était l’obtention, pour chacune des formations de master proposées à la FPMs, du label européen EUR-ACE qui reconnaît la qualité du programme concerné. D’une part, il vérifie la cohérence des formations avec les attentes et les objectifs des parties prenantes : académiques, étudiants, diplômés, monde industriel, société. D’autre part, il considère l’existence et le développement d’une démarche qualité visant la satisfaction de standards internationaux et les normes de qualité fixées par la profession.
Ce label est important pour l’institution ; il l’est encore davantage pour ses diplômés. Il vise en effet à renforcer la confiance dans les systèmes de formation des ingénieurs au sein de l'Europe. Un ingénieur dont le diplôme est marqué du label EUR-ACE a donc la certitude que sa formation pourra être reconnue sur le plan européen, tant en termes de connaissances et de compréhension que de compétences pratiques.
Mettre en œuvre et capitaliser la démarche d’auto-évaluation
La démarche d’accréditation des diplômes d’ingénieurs civil de la Belgique francophone par la CTI s’appuie sur un référentiel explicite développé ad hoc et conjointement par l’AEQES et la CTI en tenant compte de référentiels nationaux et européens, généraux pour l’enseignement supérieur et spécifiques aux formations d’ingénieur.
Guidé par une analyse SWOT préalable (forces, faiblesses, opportunités et menaces) et une démarche systématique de consultation – enquêtes – approbation, le rapport d’auto-évaluation produit par la FPMs passe en revue 8 thématiques allant de la gouvernance aux programmes d’études, en passant par l’ancrage professionnel et les échanges internationaux. Chaque chapitre comporte des éléments descriptifs destinés à la compréhension des experts mais débouche surtout sur un diagnostic partagé des atouts et limites ainsi qu’une identification des actions à mettre en œuvre.
Ce rapport a servi de base de travail lors de la visite des experts AEQES-CTI, du 8 au 10/10/12. Durant 3 jours bien remplis, les experts ont pu affiner leur perception au travers d’entretiens avec des étudiants, membres du personnel, anciens et employeurs, en visitant les infrastructures et en consultant sur place de nombreux documents et travaux personnels. Leurs commentaires ont mis en évidence les éléments les plus importants, tant dans les atouts que dans les progrès à faire.
Leur rapport final de synthèse souligne l’excellence de la formation scientifique des diplômés de la FPMs, mais aussi la qualité du processus d’auto-évaluation mené. La satisfaction des employeurs quant aux ingénieurs formés à la FPMs est pointée. Les experts ont également pris position sur la nécessité de renforcer certains aspects des cursus : internationalisation, stages, compétences transversales. Sur base des visites de sites et des rapports produits, la Commission plénière de la CTI a décidé le 8 octobre 2013 d’attribuer le label EUR-ACE® (EURopean ACcredited Engineer) à tous les diplômes de Master ingénieur civil de la FPMs (Master ingénieur civil architecte, Master ingénieur civil en chimie et science des matériaux, Master ingénieur civil électricien, Master ingénieur civil en informatique et gestion, Master ingénieur civil mécanicien, Master ingénieur civil des mines et géologue).
La CTI a également émis un avis favorable à l’habilitation de ces diplômes par l’Etat français. Grâce à la publication au Journal Officiel en tant que Diplômes et Titres d’Ingénieur d’Etablissements Etrangers Admis par l’Etat, les nouveaux diplômés ingénieur civil de la Faculté Polytechnique de Mons seront autorisés à porter en France le titre d’Ingénieur diplômé.
Les avantages de l’accréditation au-delà d’un label
Rétrospectivement, il apparaît que la démarche globale a bénéficié à l’institution en interne comme en externe.
En interne, l’approche participative – confrontée ponctuellement à un regard expert - a conduit à un diagnostic partagé et un engagement à agir. L’exigence de mieux prendre en compte certaines évolutions des formations des ingénieurs s’est articulée avec une valorisation des atouts propres à la FPMs et son équipe. La conduite du changement, déjà entamée mais qui trouvera de nouvelles concrétisations dès la rentrée prochaine, a pu s’appuyer sur un processus d’objectivation des attentes des parties prenantes, mises en perspective avec des critères européens reconnus.
En externe, s’ajoute aux avantages immédiats pour les étudiants, en termes de mobilité et d’employabilité, un potentiel d’attraction d’étudiants étrangers sur lequel la faculté devra rapidement capitaliser. Les cursus d'ingénieurs labellisés EUR-ACE® appartiennent aux écoles qui satisfont au plus haut niveau d'exigence et leurs diplômés sont donc assurés d'obtenir un diplôme et les compétences correspondant aux standards académiques et professionnels européens. La promotion de ce label par la FPMs comme par l’ensemble du réseau ENAEE qui l’a développé, contribuera à la renommée de ces cursus.
L’évaluation de l’efficience de la démarche d’accréditation ne peut se résumer au rapport entre les coûts pour la mener à bien et le nombre d’étudiants accueillis, formés et diplômés. Il faudrait pouvoir comptabiliser le non quantifiable, la « plus-valeur » pour l’institution. En ce sens, même s’il faut reconnaître les difficultés rencontrées tout au long du processus, un impact indéniable est le renforcement de la culture qualité FPMs résultant de l’implication dans un projet commun, aux enjeux réels, des membres de la communauté facultaire (enseignants, chercheurs, étudiants, personnels administratif et technique).