Réagir par le stress est utile et signe de bonne santé. Le stress n’est pas dommageable mais nous met en position de « fuite » ou de « réaction ». Réagir au stress devient négatif quand il est trop fréquent, trop long ou trop fort. Ce qui peut amener à se plaindre et aussi conduire à un dommage physique ou mental. Mais on peut le reconnaître et agir contre ce stress maléfique.
Par Kathleen De Rycke, senior consultant, Amelior
Stress?
Le stress peut être défini comme un état de déséquilibre entre le poids des exigences dans un contexte donné et le pouvoir de les supporter.
On parle souvent du stress comme d’un état émotionnel négatif : on pense d’abord à des situations désagréables telles que pression au travail, délais, difficultés à réaliser tout ce qu’on doit faire, « vouloir courir avant de pouvoir marcher », …
Cependant le stress n’est pas toujours une expérience négative. Cela peut apparaître journellement et de plus ne peut pas être évité. Chaque situation qui demande une modification ou une adaptation, génère le stress. Le stress apparaît comme une expression salutaire de notre corps à une situation déterminée pour tenir tête mais aussi pour permettre aux gens de travailler et de fonctionner. Sans stress on ne peut pas survivre. Ce stress est salutaire.
ABC du processus de stress
La personne humaine recherche toujours l’équilibre entre son environnement et l’évaluation subjective de ses possibilités de résister à ces exigences. La clé réside dans cette subjectivité. Comment certaines personnes retrouvent plus rapidement cet équilibre que d’autres, dépend en grande partie de leur mental. Le développement d’une impression de stress n’est pas seulement la suite d’un événement mais aussi et surtout la façon dont on le vit, le considère et l’interprète. C’est ce que l’on peut appeler l’ABC de l’idée que l’on se fait du stress.
Ce sont nos pensées, nos interprétations et nos croyances qui conduisent à une réaction de stress. Dans ce cadre on définit cinq raisons différentes et fréquentes de l’apparition du stress :
- Le perfectionnisme à tout prix (syndrome de Hyacint Bucket) : on s’impose des résultats irréalistes.
- Le catastrophisme (syndrome Apocalypse Now) : on voit le pire dans tout.
- La frustration (syndrome Basil Fawlty) : on se sent trop vite et trop souvent frustré.
- Le manque de reconnaissance (syndrome « je veux de l’amour ») : Ce sont ceux qui voient tout en rose mais qui se retrouvent face à la réalité ; également ceux qui veulent être bons avec tout le monde et qui réalisent que ce n’est pas tenable.
- Demander tout au monde (syndrome de Dieu) : On s’estime supérieur aux autres et on demande aussi beaucoup des autres, surtout vu à partir de son propre cadre de valeurs. On ne peut pas toujours répondre à ces attentes et cela conduit à une augmentation du stress.
Pour contrer cela, il faut s’écouter, s’observer et changer ses pensées irrationnelles en idées rationnelles et constructives. Il faut intégrer une pensée positive dans sa façon de réfléchir. Voit-on dans les événements une opportunité ou une menace ? A-t-on une vue réaliste de ses possibilités d’influencer une situation ? Ou se contente-t-on de se plaindre ? Comparons-nous aux sportifs de haut niveau qui grâce à leur mental réalisent des performances formidables. Si on reste accroché à un schéma de pensée négatif, alors apparaît un stress nuisible. L’équilibre entre le poids de la charge du stress et le pouvoir de le supporter n’est pas atteint et amène à une situation qui rend impossible la guérison des dégâts physiques et psychiques.
Il est important de comprendre que le démantèlement des tensions et des soucis est indispensable pour détendre la situation et éviter l’apparition de stress nuisible : la corde de l’arc ne peut pas rester toujours tendue...
Causes du stress
Il y a une série de causes qui provoquent le déséquilibre et l’apparition d’un stress nuisible.
D’une part, il y a des situations et événements sur lesquels on ne peut avoir d’influence ou croire qu’on ne peut avoir de l’influence. D’autre part, des raisons extérieures qui nous assaillent. Cela peut être un événement grave tel qu’un accident aux conséquences importantes, un divorce, …. Mais aussi des petits événements journaliers tels que la densité de la circulation, la perte d’objets, l’arrivée tardive à un rendez-vous, la nuisance sonore, …. Mais aussi des conditions de travail liées à la surcharge de travail, aux remarques d’un supérieur, à l’imprécision des rôles et des attentes, au travail répétitif, au travail en équipe, le trop peu ou trop de responsabilités, … peuvent mener au stress.
D’autre part, il y a des situations qui trouvent leur origine en nous-mêmes : facteurs héréditaires, attitude, mode de vie inadapté, trop peu d’exercices physiques, … Ou être trop du type A ou du type B. Le type A correspond à une façon de vivre et de travailler de type anarchique, boulimique, « prendre tout jusqu’à plus soif». Le type B comprend les gens qui équilibrent « intelligemment » leur énergie, sans subir de pression continue, sans besoin d’argent exagéré et qui arrivent à se détendre. Le type B ne lie pas son estime personnelle à ce qu’il fait. Il connaît et accepte ses qualités et défauts et ne doit pas toujours se faire valoir.
Les origines du stress sont donc à rechercher tant dans le travail que dans la sphère privée. Cela peut concerner des situations précises et uniques ou être de longue durée et répétitives. Au plus le stress est long et fréquent, au plus il est difficile de s’en guérir. Sachez que des événements positifs peuvent également engendrer le stress, car ce sont des changements qui font appel à votre flexibilité et à votre capacité d’adaptation. Par exemple, une promotion, un mariage, la naissance d’un enfant, la période de Noël, …
Comment réagir
Comme déjà indiqué, le désordre du stress est une suite de notre réponse inadéquate au déséquilibre dans notre façon de réagir. Il s’agit donc de travailler à l’abaissement de la charge du stress et/ou à l’augmentation de la résistance au stress. Le point crucial pour comprendre cet équilibre est d’admettre que le stress ne doit pas être évité. Au contraire il s’agit d’un facteur important pour apprendre à vivre. Pour tenir tête à cette situation (de préférence avec un soutien extérieur) et pour se donner de nouvelles capacités, on s’adapte et on augmente son niveau de volonté de réussite. Il est important ici d’être conscient que de réagir positivement au stress ne doit pas se limiter à un domaine. La particularité de cet équilibre est qu’on se rend compte des différents domaines qui contribuent à une gestion positive du stress. Cela signifie qu’il faut établir des priorités pour diminuer le niveau de stress. Par exemple au travers d’évaluations, par un feed-back, par l’établissement de règles de conduite en mettant l’accent sur les bonnes priorités, en pratiquant le time management, …
Le stress du travail
D’après Karasek (1990) le stress au travail n’est pas seulement la résistance à sa charge mais une combinaison entre la charge de travail et l’importance du soutien social sur lequel on peut compter.
La solution pour corriger le stress au travail doit accorder une attention aux trois composants que sont : l’exigence du travail, son contrôle et le support social.
Quand on peut se contrôler soi-même et exercer de l’influence sur son environnement, on est mieux armé contre le stress. En principe il n’est pas important d’avoir une véritable influence sur une situation. Il est plus important de croire que l’on exerce cette influence.
Un réseau social vous apporte un support social. C’est le domaine dans lequel d’autres peuvent vous aider à supporter des circonstances difficiles. Il existe différentes formes de soutien:
- Soutien informel : conseils concrets, tels que comment réagir face à une relation d’affaires importante, ou l’aide d’un ami dans votre recherche d’un travail…
- Soutien matériel : aide concrète et matérielle comme emprunter un outil au voisin…
- Soutien psychologique : p.ex. exprimer son appréciation, son affection et sa compréhension, donner une petite tape sur l’épaule, recevoir une marque de sympathie de ses amis…
Un programme efficace de gestion du stress implique d’agir sur ces différents domaines.
Pour gérer le stress, il faut savoir que chacun a sa propre limite au stress et que celle-ci est différente de personne à personne. Certaines personnes sont plus aptes à supporter plus de charge de travail que d’autres. Il est important de reconnaître ces différences et d’en tenir compte afin que chacun puisse fonctionner dans sa zone optimale de confort.
Références
° « Stress survival zakboek » Erik Van Vooren, Lannoo, 2005, 138 p
° « Stress, vriend en vijand – De aanpak van stress, thuis en op het werk », Theo Compenolle, Lannoo, 2006, 328 p
° « In wankel evenwicht – Over stress, levensstijl en welvaartziekten », Lannoo, 2005, 330p
° ESF, « Better Balance, Better Business – preventief stressactieplan », 2007