Suite aux Conseils européens de Lisbonne et de Stockholm, à la déclaration de Copenhague et face à la nécessité, en Europe, de mettre l’accent sur la « formation tout au long de la vie », la réflexion sur un système de reconnaissance des compétences acquises en dehors du milieu scolaire s’est développée. En Belgique, cette reconnaissance est organisée via un consortium et des centres de validation selon une méthodologie rigoureuse et une démarche qualité.
Par Angélique Turquet Chargée de communication
Nous avons tous des compétences… acquises au fil des jours, à l’école, lors de formations, ou par notre pratique professionnelle ou simplement dans notre vie de tous les jours. De nombreux travailleurs et demandeurs d’emploi possèdent des compétences acquises sur le terrain mais ne disposent d’aucun titre correspondant à leurs capacités. Trop souvent en raison de cette lacune, leurs aptitudes sont mises en doute et leur horizon professionnel est limité. Pourtant, la pratique d’un métier est bien souvent la source d’une multitude de compétences.
Dans ce cadre, la Communauté française, la Région wallonne et la Commission communautaire française ont conclu, en 2003, un accord de coopération relatif à la validation des compétences.
Le dispositif de validation des compétences permet à tout citoyen, de plus de 18 ans, de faire reconnaître officiellement les compétences acquises par son expérience et/ou sa formation professionnelle ; renforçant ainsi son identité professionnelle, favorisant un accès approprié à la formation continue tout en facilitant la gestion de carrière et valorisant ses compétences sur le marché de l’emploi.
Notons également que pour ce qui concerne l’accès aux études supérieures, un système de validation des acquis de l’expérience est actuellement en cours de développement par les universités et les hautes écoles.
Cette reconnaissance est organisée par un Consortium des opérateurs de formation et via des centres de validation mis en oeuvre par les 5 institutions publiques de formation : Bruxelles- Formation (Cocof), l’Enseignement de promotion sociale (CFWB), le Forem Formation (RW), l’Institut de Formation en Alternance des Petites et Moyennes Entreprises (IFAPME - RW) et le Service de Formation des Petites et moyennes entreprises (SFPME - Cocof).
La MISSION du Consortium est d’organiser la validation des compétences.
Plusieurs étapes pour assurer la Mission:
- Organiser l ‘agrément des centres de validation
- Produire des Titres de compétence en garantissant la reconnaissance de ces Titres
- Assurer le suivi des demandes de validation
- Etablir la méthodologie d’évaluation des compétences, commune aux centres de validation
- Elaborer les référentiels de validation
- Etablir un rapport d ‘activités annuel
Afin de clarifier son objectif général, le Consortium a établi sa VISION: en 2013, la validation devra être reconnue auprès des pouvoirs publics et utilisée comme outil de promotion des compétences et d’émancipation sociale au sein des secteurs professionnels. L’intégration de la validation dans les pratiques des opérateurs et le développement de nouveaux modes de guidance et d’évaluation des compétences permettent la délivrance d’un plus grand nombre de Titres de compétence.
La qualité: le fil rouge de la validation
Les enjeux de la validation des compétences ont conduit les gouvernements à positionner le dispositif de validation dans le service public tout en y associant étroitement les partenaires sociaux aux niveaux stratégique, normatif et opérationnel. Pour assurer la qualité et l’homogénéité du service, un mécanisme d’agrément des Centres de validation a été mis en oeuvre. Un agrément spécifique à chaque métier est requis pour valider les compétences des candidats. L’agrément des Centres de validation des compétences porte d’abord sur leur éligibilité et ensuite sur leur conformité. L’éligibilité est le fait de rencontrer les critères nécessaires pour introduire une demande d’agrément. Les critères de conformité sont définis par les normes de qualité et d’équité du Consortium (manuel de gestion, charte éthique, textes réglementaires). Cette conformité est vérifiée par une société d’audit agréée par Belac (organisme belge d’accréditation). La validation des compétences s’inscrit dans une démarche qualité basée sur les processus. Celle-ci, présente de manière transversale dans les démarches pour l’agrément, vise l’amélioration constante de l’organisation du travail, l’implication des membres de l’équipe et la satisfaction des (futurs) candidats. Dans le cadre de la démarche qualité, les actions des Centres de validation sont regroupées en quatre types de processus :
- le processus de direction ;
- le processus clé : réalisation de la validation ;
- les processus supports :
- processus ressources humaines,
- processus ressources matérielles,
- processus ressources financières ;
- processus communication ;
- le processus management par la qualité.
Avoir connaissance de ces processus permet de déterminer les actions qui appellent des améliorations et d’identifier les personnes qui peuvent les initier. C’est ce que l’on appelle le management par les processus, démarche dynamique impliquant toute l’équipe du Centre de validation.
La compétence au centre d’une méthodologie rigoureuse
Une compétence est un ensemble complet, une construction de connaissances, de savoirs-faire et d’attitudes. Elle s’observe en situation. Selon Guy Le Boterf, spécialiste en ingénierie des ressources humaines, « la compétence est un « savoir-agir » qui est la combinaison, et non l’addition, de savoirs divers en situation de travail » .
Pour bien observer une compétence, il faut donc l’évaluer en situation. Une spécificité du dispositif est de mettre en place des reconstitutions de situations professionnelles concrètes pour évaluer les candidats, et ce, sur base de référentiels métiers.
Pour chaque métier, les interlocuteurs sociaux sectoriels, les opérateurs d’enseignement et de formation composent une commission de référentiels qui suivent une méthodologie ayant pour objet de définir les critères nécessaire à la vérification de l’acquisition d’une compétence. Chaque métier est divisé en plusieurs unités de compétences. Cette division en unité de compétences se justifie par le fait qu’une personne peut ne maîtriser qu’une partie d’un métier mais néanmoins pouvoir trouver un emploi grâce à cette compétence. Ce sont ces unités de compétences qui font l’objet d’une validation. Ce qui permet aux candidats de faire reconnaître leur maîtrise de l’ensemble ou d’une partie des compétences liées à un métier. Ainsi les commissions de référentiels (spécifiques à chaque métier) définissent:
- Le référentiel de compétences : le métier visé, les activités clés de celui-ci et les compétences nécessaires à son exercice.
- Les unités de compétence : correspondant chacune à un Titre de compétence. Chaque unité correspond à un référentiel de validation.
- Le référentiel de validation : définit la situation-épreuve, la tâche à réaliser, les conditions de réalisation pour chaque unité de compétence à valider et la grille d’évaluation de l’épreuve, évaluation faite au moyen de critères et d’indicateurs.
Ce dispositif amène ainsi les procédures d’évaluation à répondre à des critères de qualité :
- La transparence : tous les candidats reçoivent la même information sur la procédure d’évaluation.
- L’équité : tous les candidats bénéficient d’une procédure identique d’évaluation, sur base d’un même référentiel d’évaluation des compétences, quels que soient les personnes, le lieu, le temps et le contexte.
- La validité : les procédures d’évaluation sont rigoureuses.
Une reconnaissance officielle sous forme de Titres de compétence
Suite à la réussite d’une épreuve de validation, les compétences du candidat sont reconnues par des «Titres de Compétence», documents officiels, remis au candidats, qui attestent de la maîtrise d’une partie de métier et qui sont délivrés au nom de la Communauté française, de la Région wallonne et de la Commission communautaire française.
A quoi sert la validation des compétences ?
- A augmenter les chances de décrocher un emploi. Reconnus par les opérateurs de formation, les services de l’emploi et à terme par les employeurs , les Titres de compétence sont des atouts supplémentaires à l’embauche.
- A faciliter l’accès aux formations. Grâce aux Titres de compétence, une personne peut valoriser ses compétences auprès des opérateurs de formation, définir au mieux son parcours et le cas échéant, alléger le programme de sa formation grâce aux dispenses.
- A renforcer l’identité professionnelle.
La validation en chiffres
Actuellement, le dispositif permet de faire valider ses compétences dans plus de 30 métiers issus des secteurs suivants :
- Administratif
- Alimentation
- Automobile
- Construction
- Culture
- Electricité
- Non-Marchand
- Secteur Vert
- Technique
- Services aux personnes
Ce qui représente plus de 100 Titres disponibles à la validation pour une trentaine de métiers.
Depuis le démarrage du dispositif, 2335 candidats ont passé une épreuve avec un taux de réussite de 63,4%.