Dans le jargon des entreprises imprégnées des bonnes idées du management moderne, le mot cascade désigne la percolation des bonnes idées vers le bas. Pour être efficace la cascade doit être supportée par un processus, le processus de cascade. Ce processus décrit deux choses.
Premièrement : comment un niveau supérieur (n) doit convaincre les membres du niveau inférieur (n-1) du bien fondé des décisions prises au niveau super-supérieur (top). Deuxièmement : la description de la métamorphose par laquelle le niveau n-1 au départ inférieur, devient supérieur lorsqu’il répète l’exercice en s’adressant au niveau n-2.
Au départ cela me paraissait simple mais aujourd’hui je dors mal parce que deux stupides questions m’ont plongé dans les angoisses du doute et de l’ignorance.
Par quoi la cascade est-elle alimentée ?
En d’autres termes, existe-t-il un cycle semblable au cycle de l’eau par lequel le niveau super-supérieur récupère la vapeur générée par les bonnes idées et les actions des niveaux inférieurs ? Si ce n’est pas le cas (et cela me semble impossible) le niveau super-supérieur serait doté du pouvoir de générer l’ensemble des idées ex nihilo, de plus les idées ne remontant plus, elles finiraient par s’accumuler dans des dépotoirs d’idées mortes et d’actions accomplies. Les entreprises finiraient par être paralysées par une sorte d’entartrage provoqué par la percolation à sens unique. D’un point de vue logique, ce problème devrait être facile à résoudre, il suffirait d’identifier et de décrire le processus par lequel chaque niveau supérieur écoute le niveau inférieur. Nous devrions donc trouver un processus d’évaporation et nous devrions donc admettre qu’aucun processus de cascade effectif ne peut exister sans son processus d’évaporation correspondant. Déduction et conclusion : chaque niveau, fut-il super-supérieur, doit pouvoir parler mais doit aussi écouter. Ceci illustre une définition suggérée il y a quelques années : la communication consiste à comprendre celui qui écoute. Nous cherchons un volontaire pour décrire le processus d’évaporation !
Comment cascade-t-on le processus de cascade ?
Voici donc revenu le problème de l’œuf et de la poule. Petite parenthèse : je profite de l’occasion pour noter l’absence de référence au coq ! En effet, sans coq il y a bien longtemps que faute de poules nous ne parlerions plus du paradoxe de l’œuf et de la poule. Bien entendu sans poule, je n’aurais jamais pu relever l’absence de référence au coq puisque le coq vient de l’œuf et que l’œuf ne peut venir que de la poule. Bref, la bonne question est donc : qui vint le premier, l’œuf ou le gallinacé ? Cette question est semblable au paradoxe de la pancarte « défense de marcher sur le gazon » posée au milieu de la pelouse. Comment a-t-on pu poser cette pancarte sans marcher sur le gazon ?
Voici ma suggestion : Dans la tête des gens motivés il existe une énergie capable de compenser instantanément toute faiblesse et toute imperfection dans les processus de l’entreprise. Cette énergie est gratuite, considérable et agit instantanément, elle n’a besoin pour s’exprimer que de l’existence effective du cycle du management.